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Izazen
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La confiance en soi
« le: 04 Octobre 2013 à 18:59:16 »



Extrait de l'auteur : Isabelle Filliozat





Parmi les croyances entourant la confiance en soi, il se dit qu'une personne ayant confiance en elle sait ou ne sait pas, mais qu'elle n'hésite pas! Elle répond vite, elle est sûre d'elle dans ses réponses. Elle a un avis tranché sur les problèmes. Certaines ont même réponse à tout. Cette certitude, cette affirmation sont-elles vraiment des marques de confiance en soi et surtout sont-elles des gages de succès dans la vie? Peut-être pas.

Même si la plupart d'entre nous s'accorderaient à dire que la confiance en soi est un gage de succès, nous avons tous vu des enfants et des adultes échouer lors d'une compétition, d'un match, d'un concours, d'un examen avec ce commentaire:

"Il l'a abordé avec trop de confiance en lui."

Oui, l'abondance de confiance peut nuire!

Il y a quelques années, à la Cité des Sciences, à Paris, un labyrinthe était proposé aux visiteurs. Les expérimentateurs mesuraient le rapport entre la confiance en soi et les capacités d'apprentissage. Qui a appris le + vite à trouver la sortie du labyrinthe? Les sûrs d'eux ou ceux qui craignaient de ne pas y arriver? Vous pensez que ce sont les premiers? L'expérience a établi le contraire. Ceux qui doutaient d'y parvenir apprenaient nettement mieux. Les expérimentateurs ont conclu à l'effet bénéfique d'un peu de peur sur l'apprentissage. En effet, ceux qui avaient confiance en eux, jugeant la tâche facile, ont méconnu nombre d'informations. Ils sont allés trop vite, sans prendre suffisamment de repères. La nature ne nous a pas dotés de cette option par hasard. Le manque de confiance en soi est une réaction appropriée à une situation, il nous permet d'apprendre.

 < Craig Shields

Les convictions ne sont souvent qu'une assurance de surface, on y tient d'autant + que nos idées sont sans fondement réel à l'intérieur. Les jugements d'Albert "le confiant" lui tiennent lieu de structure. S'il doit les remettre en cause, il s'effondre! Les extrémistes de tous bords ont besoin de croire leur dogme infaillible, qu'il soit politique ou (anti-)religieux. Cette illusion d'infaillibilité leur donne un sentiment de sécurité dont ils manquent par ailleurs.

Des parents me confiaient ceci:

"Quand nous avons dit quelque chose à nos enfants, nous nous y tenons, même si de nouvelles informations nous montrent que nous n'avons pas forcément raison. Nous sommes aussi attentifs à toujours dire tous les deux la même chose. Pour avoir confiance en nous, notre enfant doit sentir que notre attitude est consistante. Ils doivent croire que leurs parents sont infaillibles, sinon, ils ne pourraient plus nous écouter."

Cette attitude exprime toute l'insécurité de ces parents, une insécurité que les enfants, + finots que ces parents ne semblent le reconnaître, ne manqueront pas de ressentir. Hélas, cette croyance éducative est assez répandue. Elle ne serait que pathétique si elle n'était aussi destructrice. Comment des enfants peuvent-ils avoir confiance en des parents qui leur mentent juste pour conserver leur pouvoir? Reconnaître ses erreurs est une attitude nettement plus "consistante" qui permet à l'enfant non seulement d'avoir une grande confiance en ses parents, mais aussi l'aide à construire sa confiance en lui, en lui permettant de vérifier qu'il "sent juste" quand il perçoit une incohérence.

Qui n'a jamais regardé avec commisération une personne enfermée dans se rationalisations pour éviter d'accepter la réalité? Une personne qui a vraiment confiance en elle n'a pas peur des informations qui vont à l'encontre de son avis. Elle écoute, elle doute, elle cherche, elle est capable de changer d'avis. Sa flexibilité n'est pas faiblesse, mais véritable intelligence. Plutôt que de défendre une "position", elle cherche la vérité. Une nouvelle information pourrait bien la bouleverser. Discerner ce qui est "information" ou "intox" en est le pendant.


Réfléchir, c'est douter, chercher plutôt que savoir. Aller trop rapidement à la solution n'est pas faire montre d'intelligence mais de soumission à un automatisme.

Ce n'est peut-être pas un hasard si le gamin à lunettes, celui qui cherche toujours à comprendre, celui qui sait + de choses que les autres, "l'intello" de la classe est aussi le moins sûr de lui. Si le sensible, le surdoué, le précoce, celui qui est tout à la fois le + introverti et le + conscient de son environnement, le + attentif à ce qui se passe autour de lui et aux conséquences de ses actes, est le + timoré; le caïd, lui, refuse de douter, il frappe.


Clairement, la confiance en soi a partie liée avec la conscience. On pourrait presque dire plus il y a de conscience, moins il y a de confiance en soi.

Quand on ne voit qu'une option, on est sûr du chemin.

On avance sans se poser de questions.

Quand on perçoit une alternative, on hésite un peu. Face à 4, voire 10 chemins possibles, notre perplexité grandit en proportion. On est de moins en moins certain de faire le bon choix.

Quand on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants d'un problème, il peut paraître facile à résoudre. Quand on envisage sa réelle complexité... on est un peu moins sûr de soi! C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les intégristes de tous bords ne permettent pas l'accès à la libre information et réprouvent la lecture d'autres sources que les leurs.

Le niveau d'anxiété des parachutistes novices est nettement + élevé juste avant le 2nd saut qu'avant le 1er. Ils sont + conscients des risques. Sarah Bernhardt répondait à un jeune comédien qui lui annonçait ne pas connaître le trac:

"C'est normal, vous n'avez pas de talent".

Le talent, c'est la présence à soi et au public. On a davantage le trac quand on a conscience des enjeux, de la perfection visée. Il est fonction des objectifs, de l'exigence.



Bien sûr, il y a un juste milieu. Le défaut de confiance peut être paralysant. Et quand plus un mot ne peut sortir de votre bouche, le talent est loin, des cas où la volonté est impuissante. Il est utile de se souvenir que la crainte de ne pas réussir est plutôt un atout, que le doute est une preuve de conscience vaste, que la peur de se fourvoyer est une manifestation d'intelligence, que la peur de se tromper témoigne de notre solidité.

Attention, si le doute et défaut de confiance en soi sont des conséquences logiques de l'évolution du cerveau et du développement de l'intelligence, cela ne condamne ni les intelligents à la paralysie par manque d'assurance ni ne dit que toute personne manquant de confiance en elle est forcément intelligente!

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